L’AVIS DE MEDIAFILM

Il y a une dizaine d’années, la Suisse d’origine turque Perihan Incegöz et le Québécois Jonathan Tremblay sont tombés sous le charme de la petite Sukwan, rencontrée par hasard au détour d’un repérage en Thaïlande. Fascinés par cette fillette débordante de poésie et d’inventivité, ils décident d’en faire le sujet de leur premier long métrage. À raison, tant son univers créatif ainsi que le parcours de ses parents sont fascinants. De fait, plusieurs thèmes universels prennent forme au détour de ce portrait d’une famille atypique vivant en marge de la société dans une modeste cabane en bambou. Ici, une évocation de la douleur du temps qui passe, là une ode à un mode de vie en harmonie avec la nature, ou encore une illustration des bienfaits de l’école à la maison. Contemplative, tout en délicatesse et sobriété, la mise en images confirme l’élégance de l’ensemble. Lequel possède en outre une dimension philosophique inspirante, en raison de la profondeur et de l’humanisme des interventions et des textes lus hors champ. On regrette toutefois qu'en comparaison de ce qui a précédé, le déchirant dernier acte, centré sur les peurs de la protagoniste, soit un peu trop rapidement survolé.

Texte : Charles-Henri Ramond